« Le 17 avril 2013

Monsieur le Ministre,

Il y a presque un mois, le 25 mars, je vous ai adressé une Lettre ouverte suite à la Manifestation du 24 mars et aux violences policières dont elle avait été émaillée. Vous n’avez pas daigné y répondre et je vous comprends sans peine, car je ne suis qu’un pauvre citoyen français, de surcroit prêtre catholique, et manifestement ces citoyens ne vous intéressent pas.

Libre à vous de vous discréditer ainsi en ne montrant même pas le simple savoir-vivre en société. Quand une personne s’adresse à moi personnellement, ayant eu un père et une mère qui se sont efforcés de bien m’éduquer, je lui réponds même si je ne suis pas d’accord avec elle.

Donc, dans ma Lettre précédente, je vous écrivais entre autres choses : « En tant que prêtre catholique, je rencontre beaucoup de personnes, et notamment beaucoup de jeunes qui commencent à être à bout et qui pourtant sont très loin d’être des extrémistes. Je m’efforce, car c’est mon devoir, de les apaiser, mais je sens bien que cela ne va plus être possible très longtemps. Étant donné que vous êtes responsable de l’ordre intérieur du pays, je tiens à vous le signaler, afin que vous ne puissiez dire que vous n’étiez pas au courant. »

Monsieur le Ministre, j’ai bien peur que mes propos ne deviennent prophétiques alors que je ne me prends nullement pour un prophète. J’ai pu voir ces derniers jours certaines vidéos prises à Paris devant l’Assemblée Nationale et dans le métro, et qui courent sur internet, montrant une jeunesse qui s’exaspère et que vous traitez par la violence gratuite de vos fonctionnaires de police qui ne font, je pense, qu’exécuter vos ordres. Comment traiter ces jeunes d’extrémistes, de violents, alors qu’ils viennent simplement crier et pleurer leur détresse face à un gouvernement qui les ignore ? La loi contre laquelle ils descendent dans la rue, ce n’est pas vous qui en porterez les conséquences, mais eux. Veut-on la leur imposer de force ? C’est leur avenir qui est en jeu, et ils ont donc le droit d’être entendus, au moins à part égale avec certains groupes qui ont l’oreille du gouvernement.

Monsieur le Ministre, je vous écrivais également : « Je crois que vous avez raison d’avoir peur, car Il y en a Un, le Christ, que vous rejetez et qui a vaincu sur la Croix celui que vous vous servez: le démon. » Permettez-moi simplement de m’effacer derrière le Pape François qui, lundi dernier, lors de la Messe, a rendu hommage à « tant d’hommes et de femmes qui sont calomniés, qui sont persécutés, qui sont tués en haine de Jésus, en haine de la foi ».

 – (J’ajoute que l’on peut tuer quelqu’un sans forcément le priver de la vie). Pour le Pape, « c’est le démon qui sème la haine en ceux qui accomplissent les persécutions ». Et, a-t-il fait observer, c’est la calomnie qui est utilisée pour faire du mal : quand on ne peut obtenir quelque chose « par une voie juste, une voie sainte », on utilise la calomnie, qui « détruit ». Le pape a insisté sur la gravité de la calomnie : « Nous sommes tous pécheurs, tous. Nous avons péché. Mais la calomnie est autre chose ». C’est certes un péché, mais c’est aussi quelque chose de plus car elle « veut détruire l’œuvre de Dieu et elle naît de la haine. Et celui qui sème la haine est Satan » : « où il y a la calomnie, il y a Satan », a insisté le Pape.

Monsieur le Ministre, je vous le dis à vous et, à travers votre personne, à Monsieur le Président de la République : Arrêtez-vous, arrêtez de rejeter ces millions de Français qui ne demandent qu’à vivre paisiblement dans leur beau pays, et écoutez-les. Ils ne sont pas violents. Mais lorsqu’on a à faire à un totalitarisme, alors la défense devient légitime, comme vous le dites vous-même à propos de pays comme la Syrie ou la Corée du Nord. Voulez-vous être comparé à ces hommes qui les oppriment ? Vous en prenez le chemin. Mais dans ce cas, ne vous étonnez pas de trouver en face de vous des hommes, des femmes et des enfants, et parmi eux des prêtres dont je suis pour vous en barrer l’accès.

Recevez à nouveau, Monsieur le Ministre, l’assurance de mon respect pour votre fonction et de mes prières pour votre personne.

Abbé François-Marie Blaïn du Poët + »


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