Comment perdre la foi en la Présence Réelle

Récemment, aux États-Unis, un organisme appelé Real Presence Survey a mené une enquête qui a révélé que la première raison de la perte de foi en la Présence Réelle dans l’Eucharistie est la communion dans la main. D’après un article daté du 30 octobre du site Lifesitenews, article repris peu après par MPI[1], à la suite de cette enquête, Mgr Vigano a eu l’idée de poser la question suivante à ChatGPT :

Si un pape voulait affaiblir la foi des catholiques en la Présence Réelle, comment devrait-il changer le rite de la communion ?

Voici, d’après Lifesitenews, la réponse qu’il a obtenue :

Si un pape voulait affaiblir la croyance catholique en la Présence Réelle, il pourrait envisager des changements dans le rite de la communion, comme par exemple :

Ø  Des rituels simplifiés : Réduire le nombre d’éléments rituels qui soulignent le caractère sacré de la communion, tels que l’adoration ou la génuflexion.

Ø  Éléments symboliques : mettre l’accent sur le symbolisme du pain et du vin, plutôt que sur leur transformation en Corps et Sang du Christ.

Ø  Communication verbale : utiliser un langage qui met l’accent sur la communion en tant qu’acte commémoratif plutôt que sur la rencontre réelle avec le Christ.

Ø  Modification des prières : modifier les prières et les textes liturgiques pour refléter une vision plus symbolique de la communion, en minimisant les références à la Présence Réelle.

Ø  Flexibilité dans l’administration : autoriser d’autres formes de réception de la communion qui peuvent sembler moins sacramentelles, comme la recevoir de manière plus informelle ou sans célébration liturgique.

Ces changements pourraient contribuer à une vision plus atténuée de la Présence Réelle parmi les fidèles.

 

La réponse paraissant étonnante, nous avons voulu en vérifier la réalité. Nous avons donc posé la même question à ChatGPT. Voici la réponse que nous avons reçue :

 

Pour affaiblir subtilement la foi des catholiques en la Présence Réelle (la croyance que le pain et le vin deviennent réellement le Corps et le Sang du Christ), un pape pourrait envisager plusieurs changements au rite de la communion. Ces modifications pourraient sembler mineures ou justifiées par des considérations pastorales, mais collectivement, elles pourraient avoir un effet cumulatif sur la perception de la Sainte Eucharistie. Voici quelques exemples de tels changements :

Ø  Changer la posture de réception : Encourager ou même imposer la réception de la communion uniquement dans la main plutôt que sur la langue. Cette posture peut donner l’impression que l’Hostie est moins sacrée ou unique, la rendant semblable à un simple morceau de pain. Traditionnellement, la réception sur la langue est vue par certains comme un signe de respect envers le sacrement ; en supprimant cette option, on pourrait diluer cette dimension de révérence.

Ø   Encourager la communion sous les deux espèces, mais sans insister sur la Présence Réelle dans chaque espèce : La pratique de recevoir à la fois le pain et le vin peut être belle et riche de sens, mais si elle est encouragée sans expliquer que le Christ est entièrement présent dans chaque espèce, cela pourrait laisser croire que le pain seul n'est pas suffisant, affaiblissant ainsi la foi dans la Présence Réelle.

Ø  Diminuer les signes de vénération : Supprimer ou réduire les génuflexions, les inclinations, ou d'autres signes de respect devant le Saint-Sacrement. Si les prêtres, les diacres ou les laïcs ne montrent plus de gestes de révérence en présence de l’Eucharistie, cela pourrait amener les fidèles à se comporter de manière plus décontractée, et donc à réduire leur sens du sacré.

Ø    Utiliser un langage moins spécifique lors de la consécration : Pendant la messe, si le prêtre emploie des formulations moins précises ou des traductions ambiguës au moment de la consécration (par exemple, en insistant sur un "repas" plutôt qu'un "sacrifice"), cela pourrait introduire des doutes sur le caractère sacramentel de la communion.

Ø  Rendre l’Hostie moins distinctive : Utiliser des pains qui ressemblent plus à du pain ordinaire plutôt qu'à des hosties traditionnelles pourrait réduire le sentiment qu’il s’agit d’un aliment divin. Si l'Hostie commence à ressembler davantage à du pain non consacré, elle peut être perçue comme quelque chose de plus ordinaire.

Ø  Éliminer ou diluer les moments d'adoration eucharistique : Encourager les églises à remplacer ou à minimiser les moments d’adoration eucharistique (comme l’exposition du Saint-Sacrement) par des activités de prière communautaire qui ne mettent pas en valeur la Présence Réelle. Cela pourrait réduire l'importance de l'Eucharistie en tant que présence permanente du Christ.

Ø  Relâcher les règles de jeûne eucharistique : Si l'on réduit ou élimine le temps de jeûne obligatoire avant la communion (qui est déjà passé d'une période de plusieurs heures à seulement une heure), cela peut amener les fidèles à voir la communion comme un acte de routine, sans la même préparation spirituelle.

Ø  Suggérer que l'Eucharistie est une simple "mémoire" : Placer un plus grand accent sur la dimension de "mémoire" de la messe (mémorial de la Cène du Seigneur) plutôt que sur la transformation réelle du pain et du vin. Cela pourrait insister sur l'idée que l'Eucharistie est avant tout un symbole de communauté et d'unité plutôt qu'une véritable transformation sacramentelle.

Un tel ensemble de changements pourrait progressivement modifier la perception des fidèles envers la Présence Réelle, la rendant moins tangible et donc moins centrale dans leur foi. Cependant, ces modifications ne garantiraient pas nécessairement un affaiblissement de la foi, car de nombreux fidèles restent profondément attachés à cette croyance fondamentale.

 

La véracité de cette réponse, plus complète et plus précise que celle reçue par Mgr Vigano, nous a paru si surprenante que nous avons reposé la question plusieurs fois à quelques heures d’intervalle et en utilisant différentes langues pour voir si ChatGPT répondait de la même façon. À chaque fois, les réponses ont été différentes dans la forme mais très semblables sur le fond. Voici quelques-uns des autres changements proposés dans ces réponses :

Ø  Changer la posture de la Communion : La réception de la communion debout au lieu de s’agenouiller pourrait être encouragée, rendant l’acte de recevoir le sacrement moins empreint de révérence. S'agenouiller est en effet un signe de respect et de dévotion, tandis que se tenir debout peut donner une impression plus informelle.

Ø  Réduire le silence et la prière après la communion : Encourager un retour rapide à la célébration après la réception de la communion, sans temps pour une prière silencieuse, pourrait réduire le moment de recueillement personnel des fidèles, diminuant leur perception de la présence divine en eux.

Ø  Utiliser des récipients plus ordinaires pour l’Eucharistie : Le remplacement des calices et ciboires précieux par des contenants plus simples ou même jetables pourrait donner l'impression que les hosties consacrées sont des objets ordinaires.

Ø  Encourager une musique joyeuse ou bruyante pendant la Communion : Une musique joyeuse ou rythmée pendant la Communion pourrait diminuer l’atmosphère sacrée et contemplative, laissant moins de place au recueillement.

Ø  Limiter l’instruction sur la doctrine de la Présence Réelle : Ne pas insister sur la doctrine de la Présence Réelle dans les homélies et les catéchèses, la mentionnant moins souvent, pourrait laisser la foi des fidèles s'affaiblir par manque de rappel et de formation.

Ø  Donner la communion par des laïcs autant que possible : Encourager la distribution par des ministres laïcs au lieu de prêtres peut donner l'impression d'un acte plus commun et ordinaire, plutôt qu'un geste sacré réservé au sacerdoce.

 

La compilation des différentes réponses reçues a montré que chacune d’elle proposait entre 4 et 8 changements choisis dans un groupe d’une quinzaine de propositions qui peuvent se résumer ainsi :

-       Sur la façon de distribuer la communion : distribution par des laïcs, réception debout et dans la main, hostie ressemblant à du pain ordinaire, préférence pour la communion sous les deux espèces, accompagnement par une musique gaie et forte, temps de silence réduit après la communion, …

-       Sur l’enseignement : réduction des instructions (catéchisme ou homélies) sur la doctrine de la Présence Réelle, insistance sur la notion de “repas” plutôt que sur celle de “sacrifice”, sur celle de “mémoire” et d’“unité de la communauté” plutôt que sur celle de “renouvellement du sacrifice”, …

-       Sur les autres pratiques : limitation des marques extérieures de vénération : génuflexions, saluts, adorations ou processions du Saint Sacrement, remplacement des vases sacrés par des ustensiles ordinaires, réduction du jeûne précédant la communion, incitation pour les prêtres à s’habiller comme des laïcs, …

 

Il est vraiment surprenant de voir que toutes les pratiques proposées dans cette liste étaient quasiment inconnues avant le concile Vatican II et la réforme liturgique qui a suivi. Et cette liste n’a pas été élaborée par un organisme “traditionnaliste”, “anti-œcuménique” ou “marche arriériste”, comme on pourrait le penser, mais par un moteur de recherche qui n’a fait que compiler ce qu’il a trouvé sur le net. Impossible de l’accuser d’être tradi ! Certes, ChatGPT n’est pas une forme d’intelligence, mais uniquement un système informatique très rapide capable de collecter et d’analyser une immense quantité de données. Malgré tout, grâce aux algorithmes utilisés, il peut apporter des éléments de réponse pertinants en compilant les données collectées.

Dans le cas présent, il dit ce qu’une grande majorité de catholiques refusent de voir et que différents organismes traditionnels disent depuis plus de 40 ans. Pourtant à l’époque de Vatican II, les moteurs de recherche n’existaient pas. Aussi pouvons-nous admirer l’intelligence, véritable celle-là, de nos prédécesseurs qui ont su voir dès le début de la réforme conciliaire ce que ChatGPT affirme aujourd’hui.

 

Que ce petit exemple nous serve de leçon. Il faut ouvrir les yeux. La perte de la foi est la conséquence des innovations issues du concile Vatican II et de la réforme liturgique qui a suivi, innovations elles-mêmes imaginées par les théologiens modernistes évincés par saint Pie X, mais remis en selle par Jean XXIII et ses successeurs. Pour garder la foi, il faut tourner ostensiblement le dos à toutes ces innovations et rester indéfectiblement attaché à la liturgie traditionnelle avec toutes ses rubriques, lesquelles, loin d’être du rubricisme comme le lui reproche certains, sont en réalité un véritable rempart contre la perte de la foi.

 

Il y a tout juste 50 ans, dans sa fameuse déclaration du 21 novembre 1974, Mgr Lefebvre disait :

Nous adhérons de tout cœur, de toute notre âme à la Rome catholique, gardienne de la foi catholique et des traditions nécessaires au maintien de cette foi, à la Rome éternelle, maîtresse de sagesse et de vérité.

Nous refusons par contre et avons toujours refusé de suivre la Rome de tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s’est manifestée clairement dans le concile Vatican II et après le concile dans toutes les réformes qui en sont issues.

Toutes ces réformes, en effet, ont contribué et contribuent encore à la démolition de l’Église, à la ruine du Sacerdoce, à l’anéantissement du Sacrifice et des sacrements, à la disparition de la vie religieuse, à un enseignement naturaliste et teilhardien dans les universités, les séminaires, la catéchèse, enseignement issu du libéralisme et du protestantisme condamnés maintes fois par le magistère solennel de l’Église.

 

À l’époque, cette déclaration fut violemment critiquée. Mais aujourd’hui, avec 50 ans de recul, il faut reconnaître qu’elle était prémonitoire. Et il est savoureux de voir que ChatGPT dit en substance la même chose, tout au moins en ce qui concerne le saint Sacrifice de la Messe. En effet, il affirme que les changements qui conduiraient progressivement à une perte de la foi en la Présence Réelle sont ceux-là mêmes qui ont été élaborés et mis en œuvre après le concile et la réforme liturgique.

 

Alors, pour garder la foi, refusons les actes de la Rome moderniste. Restons de tout notre cœur être attaché à la Rome catholique. En particulier, quels que soient les documents récents émis par le Saint-Siège, continuons contre vents et marées à défendre et à maintenir partout l’usage de la messe traditionnelle. 

 

Yves de Lassus


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