La gazette catholique Le Rouge & Le Noir a décidé de consacrer son été 2014 à une controverse sur l’immigration. Elle publie un plaidoyer pour une « remigration » catholique. Extraits.

[...] « Les États ont le droit de règlementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières, en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine. En outre, les immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil, en respectant ses lois et l’identité nationale » déclare Benoît XVI [...]

 

[...] La question cruciale que beaucoup de français se posent est la suivante : pourquoi des communautés russes orthodoxes, grec-melchites ou coptes vivent-elles sur le territoire français sans que cela ne pose de problème ? Quel décalage existe-il entre ces populations ayant réussir à s’intégrer ou à coexister sans heurts et d’autres populations, essentiellement musulmanes, dont l’absence d’intégration est régulièrement pointée du doigt ?

Il est regrettable que certains prêtres et évêques persistent à refuser d’écouter les problèmes concrets des français et leurs angoisses face à l’immigration [...] en leur répétant sans cesse les mêmes paroles prônant à temps et à contretemps l’ouverture aux autres et accusant leurs propres fidèles d’être hostiles à ces migrants, hostiles aux étrangers. Voient-ils que leurs discours deviennent inaudibles ? [...]

[...] Ils oublient trop souvent qu’ils sont avant tout ministres du Christ, et ont pour rôle essentiel de faire croitre l’Église de Dieu sur terre, au sein du diocèse ou, plus modestement, de la paroisse qui leur est confié et non d’importer des fidèles (bien trop souvent des infidèles) provenant d’autres terres. Quand l’immigration s’impose avec ses coutumes, ses lois, sa langue et sa religion, l’accueillir n’est plus faire preuve de charité. Quand la terre de notre propre pays et notre peuple sont menacés de disparition devant l’ampleur de ces mouvements, la première des charités consiste alors à ne pas se détruire soi-même. [...]

[...] En 2014, la déclaration des évêques de la COMECE à l’occasion des élections européennes citant 4 fois les termes de “social” et de “migrants” oubliait un autre mot pourtant essentiel : Dieu. [...]

[...] Ainsi donc, l’Église encourage nos frères chrétiens (d’Irak) à rester sur place, tandis que la France accueille actuellement une forte population immigrée de culture et de religion différente. N’y a t’il pas comme un paradoxe à nous inviter à soutenir nos frères chez eux et à accueillir chez nous des populations avec lesquelles nous ne partageons ni culture ni religion commune ? [...]

[...] L’erreur majeure de la réflexion sur l’immigration a été de se concentrer trop souvent uniquement au départ des populations de leurs propres terres, plutôt que de réfléchir sur les mesures à mettre en place pour leur permettre aussi d’y retourner. Trop souvent éclipsé, cet aspect a pourtant déjà été souligné par l’Église : « L’homme a le droit de quitter son pays d’origine pour divers motifs, comme aussi d’y retourner »  [...]

[...] La constitution apostolique Exsul Familia, qui traite pour la première fois de la question des migrations a pour titre même l’exemple de la fuite et l’exil de la Sainte Famille en Égypte. Peut-être pourrions-nous reformuler la conclusion de cet exil ainsi : “et ils en revinrent une fois le péril passé pour vivre dans leur pays d’origine”. Pie XII pensait-il alors que ces migrations de masse seraient d’une durée limitée et qu’une fois la situation stabilisée dans les pays d’origine, ces peuples retourneraient d’eux-mêmes, à l’invitation de la Sainte Famille, vivre sur leur terre d’origine ? Quant à l’exil à Babylone et à l’installation des Hébreux en Égypte, n’ont elles pas été suivies par un retour des populations hébraïques sur leur terre d’origine ? [...]

[...] Ainsi, proposer un retour au pays aux populations immigrées présentes sur notre territoire semble conforme aux exigences de la charité chrétienne ; à condition qu’il n’y ait pas ni pression malsaine ni spoliations des biens acquis légalement (cotisations retraite, santé, bien mobiliers et immobiliers). Ces populations sont ensuite libre d’accepter, et devraient être encouragées à participer elles-aussi à la construction du bien commun : (re)construire leur pays d’origine et l’élever à un meilleur niveau de vie (économique, intellectuelle et religieuse, plus de liberté…). Il est du devoir des catholiques de ne pas rester seuls à construire ce bien commun mais à pousser les populations concernées à y contribuer. Ce qu’elles feront probablement avec d’autant plus de vigueur et de détermination qu’elles en seraient les premières bénéficiaires. [...]

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