Michel Onfray, philosophe athée, constate, et d’une certaine manière déplore, la pastorale de l’enfouissement et le renoncement à la transcendance qui carctérisent l'évolution de l'Eglise catholique.
"La Sagrada Familia (de Barcelone) ne parvient pas à être terminée ? Ce n’est pas étonnant quand on lit les actes du Concile Vatican II qui démontrent qu’aujourd’hui il n’y a plus de place pour la transcendance ; ce qui se dégage de Vatican II est purement formel.
J’étais gamin quand j’ai vu les effets de Vatican II sur la messe. Il y avait les garçons et les filles séparés d’un côté et de l’autre de la nef et le prêtre qui tournait le dos à l’assemblée et officiait face au tabernacle, c’est à dire vers le soleil levant, vers le lieu de la lumière. On attendait la lumière parce que le Christ était lumière et plus on était vers le fond de l’église, près de la porte, plus on était dans le domaine du profane. Tout cela faisait sens ; le prêtre s’adressait à Dieu ; il était l’intercesseur pour ses ouailles disposées derrière lui, tous tendus, orientés, vers la transcendance.
Et soudain, on change tout cela ; on installe l’autel au milieu du choeur, on délaisse le tabernacle et on célèbre la messe en tournant matériellement le dos à Dieu ; et on s’adresse désormais aux gens ; les hommes et les femmes se mêlent dans la nef, et on dit que la musique n’a plus besoin d’être sacrée, d’où la guitare de "La vie est un long fleuve tranquille" ; le curé s’habille en Jean ; moi, on me dit un jour : "Notre Père qui êtes aux cieux” ?… non, non, maintenant on tutoie Dieu, on ne parle plus en latin, etc. C’est à dire que c’est l’Eglise qui d’un seul coup nous dit : on n’a plus besoin de sacré, le sacré est dans l’immanence ; on n’a plus besoin de transcendance, la transcendance est dans l’immanence ; signe que l’on avalise l’évidence de ce que la civilisation nous dit : nous avons perdu le sens du sacré judéo-chrétien."