Source (ru, 24 avril 2013) – Entre les faits divers on lit que l’église Saint-Jacques à Abbeville a été détruite, ou mieux « déconstruite » comme s’exprime le maire, le 16 avril 2013.
Abbeville se trouve dans la Somme, au nord de la France, à 20 km de la mer. Cette large église paroissiale avait été construite de 1868 à 1876 dans un style néo-gothique par l’architecte Victor Delafonte. Le Conseil Municipal de la ville, formellement propriétaire du bâtiment depuis la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, a décidé en février 2013 de la démolir complètement, puisque la restauration aurait coûté entre 4 et 10 millions d’Euro. Une entreprise s’est empressée, au prix de Judas de 350.000 Euro, d’exécuter cette gigantesque démolition, achevée le 16 avril 2013 (photo de droite), après l’évacuation in extremis de l’orgue (de Mutin Cavaillé-Coll, 1906, 2000 tuyaux), quelque mobilier attribué à un musée, et … le coq sur la flèche du clocher. Abbeville reste perplexe devant cette disparition, et chacun accuse l’autre, jamais soi-même.
Posons trois questions :
1) Les églises sont depuis la loi de 1905 la propriété de la municipalité qui a le devoir de les entretenir, sauf le mobilier intérieur, tant qu’elles sont « affectées » à un groupe religieux, notamment catholique. Dès que ce groupe n’assure plus un service religieux au moins une fois par an, ces églises peuvent être considérées par la ville comme non-affectées de facto, ce qui leur donne plein pouvoir sur ces bâtiments, y compris leur démolition, à moins qu’elles fassent partie de façon déclarée du Patrimoine national (ce qui n’était pas le cas de St Jacques à Abbeville). C’est pourquoi les évêchés se donnent énormément du mal pour assurer des services religieux, même extrêmement espacés, dans presque toutes les églises de France. Mais à un moment donné de l’apostasie galopante de la foi catholique, la poule ne peut plus tenir au chaud tous ses poussins sous ses ailes, manque de fidèles et de prêtres.
2) Il est donc vain d’incriminer aujourd’hui les mairies qui ne peuvent plus assurer l’entretien parfois extrêmement coûteux pour des bâtiments – même initialement religieux - béants vides. Il faut plutôt oser de se poser la question de fond, la « Gretchenfrage » comme disent les Allemands : Pourquoi cette apostasie, dont les églises vides ne sont que la conséquence inévitable ? Nos évêques ont voulu oublier de se poser cette question, préférant de se transformer en spécialistes de « plans sociaux » des paroisses, en parfaits gestionnaires de fermeture d’entreprises. Pourtant la réponse est évidente : sans foi pas d’églises. Et pourquoi il n’y a plus de foi ? Voilà la vraie question.
3) En vérité ces démolitions d’églises devraient être un vibrant appel aux ex-fidèles à la conversion : quand suis-je allé la dernière fois à la confession ? A la messe ? A la communion ? Ai-je cherche, auprès de l’Eglise, la foi ou le bruit, notamment des guitares ? Le Christ ou les amis, notamment du même parti ? Le salut éternel ou les orgues ? Quand est-ce que j’ai lu pour la dernière fois l’Ecriture Sainte ? Quand est-ce que j’ai prié pour la dernière fois, tout seul avec Dieu ? Quand est-ce que je me suis fait du mal pour soulager un pauvre, au nom du Christ ? Quand ai-je aimé pour la dernière fois ? – Avant d’avoir répondu à ces interrogations pertinentes, on devrait honnêtement s’interdire de critiquer les démolitions d’églises actuellement en vogue en France, à moins de vouloir se révéler comme parfait pharisien.
Le psalmiste David chante : « Que j’étais heureux quand on me dit, nous allons vers la maison de Dieu ! » Si nous n’en sommes pas heureux, il ne faut pas s’étonner que ces bâtisses disparaissent, si elles ne se transforment pas carrément en mosquées comme c’est arrivé à la plupart des églises d’antan en Orient envahi par l’Islam, et maintenant en France. Car en religion il n’y pas de vide, quoiqu’on en dise.