Est-ce pour se faire « pardonner » de refuser le « mariage pour tous » que nos évêques semblent se ranger derrière la politique du gouvernement en matière d’immigration, exhortant les catholiques à accueillir les étrangers sans distinguer, d’ailleurs et comme d’habitude, ceux qui sont en situation régulière et les clandestins ? Cela ne fait pas les gros titres des journaux, comme leur opposition au « mariage » gay, mais il s’agit de déclarations nombreuses et concertées…
Ainsi, les évêques de Nantes, Luçon, Angers, Laval et Le Mans appellent « tous les baptisés » à « changer de regard sur les personnes migrantes et réfugiées ». « Nous invitons toutes les communautés chrétiennes à réfléchir à leur accueil », précisent-ils, en rappelant la phrase de Jésus rapportée par l’évangile selon saint Matthieu : « J’étais un étranger et vous m’avez recueilli. » ... « Cela, d’autant plus que dans le contexte de crise que nous traversons, nous sommes parfois tentés par la peur et la méfiance à l’égard de l’étranger. »
Ce n’est certes pas la première fois que les évêques nous y exhortent ! Et, à chaque fois, dans votre Bulletin – nos lecteurs s’en souviennent peut-être – nous leur demandons : jusqu’où ? Combien ? Etant entendu que nous ne pouvons – ni ne devons – accueillir tous les immigrés qui se pressent à nos frontières, à partir de quel taux de refus sommes -nous infidèles à la parole de Jésus : « J’étais un étranger et vous m’avez recueilli » ? Nous n’avons jamais de réponse.
Responsable de la pastorale des migrants dans le diocèse du Mans, Annie Bigot voit dans le propos des évêques une invitation à « redire toute l’attention que l’on doit avoir vis-à-vis de ces personnes qui, malgré ce que disent noscontemporains, ne se déplacent pas juste pour s’enrichir mais parce qu’elles sont contraintes et forcées de partir ». Si elles sont « forcées » de partir, sommes-nous pour autant « forcés » de les accueillir toutes ?
Et puis, dans leur pays, il y en a d’autres qui restent. Pourquoi celles-là ne restent-elles pas pour travailler à améliorer leurs conditions de vie dans leur pays et en changer les structures politiques ? En partant ne vont-elles pas appauvrir leur contrée d’origine en la privant de leurs compétences pour en enrichir le nôtre, au contraire ? Au contraire, l’évêque auxiliaire de Bordeaux et chargé du dossier au sein de la CEF (Conférence des évêques de France), Mgr Laurent Dognin, explique qu’« Il est normal que les gens qui arrivent dans notre pays souhaitent y pratiquer leur foi», précisant toutefois et heureusement : « Nous ne pouvons bien sûr accepter que certains l’imposent par la force : nous avons des lois à respecter et à faire respecter.
Mais il ne faudrait pas pour autant interdire à tout le monde d’exprimer sa foi, ni même d’en témoigner devant les autres. J’ai envie de dire aux chrétiens qui s’inquiètent : “Vous aussi vous pouvez témoigner de la vôtre” ! Finalement, ces migrants peuvent nous aider à nous exprimer de manière plus décomplexée, à participer à la Nouvelle évangélisation. »
On saisit le paradoxe : grâce aux immigrés musulmans, les catholiques deviendraient de meilleurs évangélisateurs ! Sauf qu’il n’est pas question d’évangéliser les musulmans ce qui est assimilé à cette chose « abominable » mais dont ne se privent pas les musulmans à l’égard des chrétiens : le prosélytisme.
En effet, si l’on se réfère au document « Musulmans en école catholique », publié par le Secrétariat général de l’enseignement catholique, en lien avec l’épiscopat, un des auteurs, Pierre Robitaille, tient à préciser l’attitude des catholiques à l’égard des élèves musulmans de plus en plus nombreux : « La foi doit s'exprimer, mais on ne cherche pas pour autant à faire du prosélytisme. »
Sur le plan politique, les évêques, par la voix de Mgr Dognin soulignent « les efforts de l’administration » sous la présidence de François Hollande : « abrogation de la circulaire sur les étudiants étrangers ou encore suppression du délit de solidarité » pour les personnes aidant des migrants en situation irrégulière. Et d’aller beaucoup plus loin que cette approbation-là en demandant à la cantonade : « Pourquoi leur donner certains droits et pas tous, comme celui de se présenter ou d’élire son député ? », s’est-il interrogé… en y répondant lui-même, rappelant qu’en France, « traditionnellement le droit de vote est associé à la nationalité, qui reste le meilleur signe d’insertion dans notre pays ». Et de demander avec une fausse naïveté : « Pourquoi ces immigrés de longue date, qui travaillent et payent leurs impôts, n’ontils pas la nationalité ? La refusent-ils ou la leur refuse-t-on ? »
Curieusement, le gouvernement socialiste n’a pas tancé les évêques en leur reprochant de se mêler de politique…
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