Lorsque, ce 18 septembre, le cardinal Walter Kasper déclare au journaliste Andrea Tornielli, sur un ton faussement interrogatif : ne pourrait-on pas dire du mariage ce que Vatican II nous a permis de dire à propos de l’Eglise ? De même qu’il y a, selon le Concile, des éléments de sanctification dans les religions autres que le catholicisme, ne pourrait-on pas, grâce au Synode sur la famille, admettre qu’il y a aussi des éléments de sanctification dans une union autre que le mariage sacramentel ?
Cette déclaration a fait l’effet d’une bombe. Entendre un prélat romain affirmer que le mariage civil pouvait contenir des éléments de sanctification propres au mariage sacramentel, était absolument inouï. Mais il faut remarquer que le cardinal Kasper, grand spécialiste de l’œcuménisme, n’inventait rien : sa conception du mariage, un dans la pluralité, s’appuie sur l’idée conciliaire d’une Eglise une dans la diversité. L’œcuménisme ecclésial, contenu dans Lumen gentium en 1965, est invoqué en faveur d’un œcuménisme matrimonial, 49 ans plus tard. Une charge doctrinalement explosive, posée il y a un demi-siècle, est aujourd’hui utilisée pour faire pastoralement voler en éclats l’indissolubilité du mariage sacramentel, au profit d’une fidélité conjugale à géométrie variable !
Jusqu’à présent on croyait naïvement qu’il fallait interpréter les documents conciliaires, les décrypter. Maintenant, grâce au cardinal Kasper, on sait qu’il faut aussi les déminer.
Abbé A.L.