AU CURÉ DE MON ENFANCE
Souvenirs du temps où je servais la Messe
Je vous verrai toujours, curé de mon enfance,
Monter chaque matin à l'autel du Seigneur,
Non pas pour regarder la porte ou l'assistance
Mais pour, au tabernacle, adorer le Sauveur.
Car l'autel en ce temps était inamovible,
De la messe " à l'envers" on ne parlait encore;
Tourner le dos à Dieu vous eût été horrible
Et pourtant, aujourd'hui, c'est vous qui auriez tort!
Quel heureux souvenir! je vous servais la messe
Et donnais de mon mieux les répons en latin
Votre "Judica me" disait votre. allégresse
Et je l'entends toujours dans l'église au matin...
Certes, votre messe ne serait plus d'usage
Parmi les fossoyeurs du vieux rite romain ;
Avec la mini-messe on se veut à la page,
Tant pis si l'on s'égare en dangereux chemin.
Au fidèle à genoux devant la Sainte Table
Votre main remettait le corps saint du Sauveur
Car se tenir debout n'eut été convenable
Lorsque l'on accueillait le Bon Dieu dans son cœur.
Pour être "dans le vent" on change d'attitude,
On fait le fanfaron, on tutoye le Seigneur,
De l'humble politesse on n'a plus l'habitude,
On voit de la routine où n'est que la ferveur.
Épargner les genoux de la mini-jupiste,
Préserver de Monsieur le pli du pantalon,
Que voilà des soucis de néo-liturgiste!
Plus d'agenouillement: on claque du talon!
Le chrétien d'autrefois se contentait de croire,
Le chrétien d'aujourd'hui entend, lui, contester,
Protester, Marchander, ruser comme à la foire,
Mais du culte divin que va-t-il subsister?
A votre enseignement, curé de mon enfance,
Je resterai fidèle et prierai le Bon Dieu
Comme ont fait mes aïeux aux siècles "d'ignorance"
Car votre souvenir ne me quitte au Saint Lieu.
Dans les pas de mes aïeux...
DAMIEN HOUSSAYE