Le chant grégorien est le répertoire de chant liturgique propre à l'Eglise catholique de rite latin. Ce chant primitif s'est lentement élaboré entre le Vème et le VIlème siècles et s'est développé jusqu'aux XIIème‑XIIIème siècles.

Origine et chant romain

II existe des rapports entre le grégorien primitif et les répertoires orientaux : juif, copte, arménien, byzantin, syrien. L'Église, dès ses premiers siècles, a assimilé les héritages des Hébreux et des Grecs. La langue grecque était, aux premiers temps du christianisme, le mode d'expression officiel de l'Eglise. A partir du Illème siècle, la langue latine s'étend dans l'ensemble du bassin méditerranéen, puis en Europe. A la fin du IVème siècle, l'Eglise de Rome adopte le latin comme langue liturgique. La musique s'adapte aux mots et aux phrases latins. C'est donc à cette époque que commence à s'élaborer le répertoire de chant liturgique latin qui donnera naissance au chant grégorien.

Les sources de ce répertoire musical sont multiples. A l'origine du chant grégorien se trouvent les récitatifs simples, ornés seulement de légères inflexions de la voix soulignant la ponctuation du texte (chant de l'Epître, de l'Evangile, du Pater..).

Le chant des psaumes était déjà pratiqué par les Hébreux, puis par les premiers chrétiens selon des principes qui sont resté les mêmes aujourd'hui. 73 des 150 psaumes sont attribués au roi David, fondateur de Jérusalem (1015 ‑ 970 av. J.C.). L'Orient est à l'origine de l'hymne et de l'antiphonie (psalmodies alternées entre deux chœurs ou solistes).

Les techniques mélodiques se perfectionnent. Le chant devient "orné" avec apparition de vocalises (Introït, Graduel, Alléluia). En revanche, les chants du peuple gardent leur simplicité primitive: au IVème siècle, apparaissent les premiers Introït et Alléluia, au Vème les premiers Offertoires et chants de Communion.

L'âge d'or

Le fond du chant grégorien se constitue entre le VIème et le VIllème siècles. A la fin de celui‑ci, le chant romain prend le nom de chant grégorien ; le répertoire musical est déjà très riche, varié et complet. L'essentiel du répertoire est composé à l'époque carolingienne (IXème siècle).

Huit papes ont contribué à l'organisation de la liturgie, dont Saint Grégoire le Grand (540 - ­604) qui a donné son nom au chant liturgique. Contemplatif et disciple de St‑Benoît, il codifie et officialise les textes liturgiques et la mélodie. Sous Pépin le Bref, puis sous Charlemagne, la liturgie romaine est adoptée dans l'Empire franc. Elle devient un élément unificateur entre les peuples. Le chant grégorien se propage dans presque toutes les églises d'Occident (Gaule, Angleterre, Allemagne). Les mélodies se transmettent oralement. II fallait dix ans d'études pour devenir chantre, c'est‑à‑dire pour apprendre par cœur textes et mélodies. L'apparition des premiers signes musicaux date de la fin du IXème siècle.

L'écriture musicale est née au XIème siècle, grâce à un moine bénédictin Guy d'Arezzo. Les notes désignées jusqu'alors par les lettres de l'alphabet, prennent les dénominations actuelles : ut, ré, mi, fa, sol, etc..., empruntés à l'hymne des Vêpres de Saint Jean Baptiste. Ainsi, le "A" devient LA, le "B", SI, le "C", DO...


Chaque son est annoté sur des portées de quatre lignes. Cette notation musicale sur lignes ne donne pas toutes les indications de nuances rythmiques et expressives présentes dans les anciens manuscrits. Pourtant, elle prouve son utilité et se propage.


Le répertoire continue à s'enrichir de textes et de mélodies jusqu'à la fin du Moyen‑Age.


La décadence


Du XIVème au XIXème siècles, des modifications importantes sont apportées à la mélodie De monodique, à une seule voix, le chant grégorien évolue et devient polyphonique à la Renaissance. Certaines pièces sont chantées à quatorze voix. Le rythme change, les mélodies sont modifiées, les notes prennent des durées variables. De modale la musique devient tonale. C'est la période du "plain‑chant". Supplanté par une musique moderne, le grégorien décline peu à peu.


Retour aux sources, au chant grégorien traditionnel .


Grâce à Dom Prosper Guéranger (1803‑1875), la vie monastique, la liturgie romaine et le chant grégorien traditionnel sont restaurés en France. Les bénédictins de Solesmes, - Dom Jausions, Dom Pothier, puis Dom Mocquereau ‑ et quelques moines sillonnent toute l'Europe à la recherche de manuscrits anciens. Ils restituent la mélodie originale en étudiant et en comparant les textes, comme les signes musicaux. Cette restauration a l'appui et le soutien du pape Pie X qui, en novembre 1903, publie le célèbre motu proprio sur la musique sacrée. II ordonne la restitution du chant grégorien dans toute l'Eglise : " L'antique chant grégorien devra être largement rétabli dans les fonctions du culte". Les successeurs de Pie X poursuivent cette décision : Pie XI avec la constitution apostolique "Divini cultus" du 20 décembre 1928 ; Pie XII par l'encyclique "Musicae sacrae disciplina" du 25 décembre 1955 et Paul VI, lors du lIème concile du Vatican, "De sacra liturgica".


La pratique du chant grégorien en France


Le chant grégorien restauré sous l'impulsion de l'Abbaye de Solesmes se répand en France dès 1922, soit peu de temps après le retour des moines, exilés à l'île de Wight, en Angleterre, depuis le début du siècle.


En 1923 est créé à Paris un Institut grégorien rattaché à l'Institut Catholique. Dans la foulée un certains nombre d'autres Instituts ou écoles. se développent, parmi lesquelles la Schola St Grégoire du Mans, fondée en 1938. Leur mission est d'enseigner le chant grégorien aux écoles catholiques, séminaires, chorales et maîtrises paroissiales. Ce mouvement connaît son apogée vers les années 1960. L'enseignement de la méthode "Ward", contribue dans les années 1950 à la formation musicale des enfants puis des adultes.


A la suite de la réforme liturgique qui suivit le concile Vatican II et qui autorise l'emploi de langues vivantes dans la liturgie, le répertoire grégorien est presque totalement abandonné des paroisses et des congrégations religieuses, à l'exception de quelques monastères et communautés religieuses.


Le renouveau contemporain


La plupart des Instituts grégoriens cessent leur activité ou s'intéressent à d'autres formes d'expression musicale religieuse. L'enseignement du chant grégorien ne disparaît pas complètement. La Schola Saint Grégoire profondément convaincue de la valeur irremplaçable de ce patrimoine sacré, poursuit néanmoins sa vocation. Aussi, depuis quelques années, clercs et laïcs redécouvrent avec joie, l'élan spirituel qui jaillit du chant grégorien, prière de l'Eglise catholique.


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