Analyse de Marco Gervasoni, reprise du Salon beige

 

Les catholiques français ont-ils enfin trouvé en Éric Zemmour (journaliste et essayiste, d’origine juive algérienne, né en 1958) un leader en qui ils peuvent avoir confiance? Il semblerait que ce soit le cas si l’on en croit l’accueil enthousiaste qu’il a reçu, par exemple, de la part des nombreux anciens de la Manif pour tous, qui, sous Hollande, avait mobilisé une grande partie de la France contre le mariage homosexuel. […]

C’est précisément parce qu’ils sont devenus plus « identitaires », si l’on peut dire, que les catholiques français ne veulent pas être protégés mais veulent faire entendre leur voix dans la sphère publique, et ils ne font certainement plus confiance aux vestiges des différentes démocraties chrétiennes à la française, désormais incarnées par Bayrou, qui est complètement subordonné à Macron. C’est précisément en raison de ce plus grand sentiment de fierté de se dire croyant que l’hostilité de l’époque de Hollande vaut toujours mieux que l’indifférence de Macron: le fait est qu’aucun candidat ou pré-candidat n’a réchauffé le cœur des croyants jusqu’à l’arrivée de Zemmour.

Zemmour est juif, une croyance qu’il a pratiquée jusqu’en 2013, mais il répète depuis des années qu’il est « imprégné de catholicisme ». Et c’est bien le cas, car étant un nationaliste gaulliste, Zemmour sait très bien que l’histoire de France, qui ne commence pas en 1789, serait inexistante sans l’Église catholique d’une part et le catholicisme d’autre part, à la fois comme dévotion populaire et comme imprégnation dans la haute culture, et la culture littéraire en particulier. En lisant ses livres, le dernier La France n’a pas dit son dernier mot mais surtout, en matière de religion, le précédent Destin Français, on s’aperçoit qu’il s’inscrit dans la tradition de ce que Maurice Barrès, romancier et parlementaire de droite au début du XXe siècle, appelait les « athées catholiques ». Personnellement non croyants, mais convaincus que sans le catholicisme nous ne serions rien, nous n’aurions pas de passé, mais surtout nous n’aurions pas d’avenir. Les « catholiques adultes » se moquent de cette tendance, qu’ils jugent insincère et presque destinée à instrumentaliser la religion: mais en réalité, elle la protège, notamment contre le défi de l’Islam, bien plus que de nombreux « croyants dévots ».

Zemmour est le premier, et bien plus que Fillon lui-même, à dire aux catholiques français « je vous ai entendu », qu’il est prêt à faire entendre leur voix dans la sphère publique et politique en tant que partie fondamentale de la nation française. Au fond, Zemmour s’inscrit dans la continuité du gaullisme originel du Général, d’André Malraux et de bien d’autres, et du néo-gaullisme  » souverainiste  » de Philippe de Villiers et de Philippe Seguin, ainsi que de diverses intuitions de Sarkozy, même si ce dernier n’échappe pas à la critique de Zemmour comme étant excessivement « américanisé ».

Rien à voir avec l’extrême-droite ou le racisme, comme l’écrivent les grands médias, et comme le prétendent les politiciens de gauche et ceux de la « gauche de droite », c’est-à-dire beaucoup de représentants du PPE. D’ailleurs, aujourd’hui, De Gaulle, Malraux, Pompidou seraient considérés comme d’extrême droite. Alors que le pays français réel est devenu de plus en plus conservateur, le pays légal et le pays médiatique se sont déplacés à gauche. Et pour des journaux comme Le Nouvel Observateur, Libération ou Le Monde, être croyant (dans le christianisme, bien sûr, pas l’islam) est désormais considéré comme une chose infamante, dont il faut avoir honte, tandis que les églises et les édifices religieux catholiques tombent en ruines ou sont incendiés par des « mains mystérieuses ».

Peut-être que Zemmour n’ira pas loin, peut-être même qu’il ne se présentera pas aux élections : mais à partir d’aujourd’hui, les catholiques français ont un espoir de plus.


Plan du site

Aidez l'ACVO

 

Don déductible à 66% !

Newsletter

Protection des données personnelles - RGPD